Comprendre la maladie

27 février 2025

Quelles sont les Neuropathies Optiques Héréditaires (N.O.H.) ?

Les N.O.H. regroupent un ensemble de maladies génétiques qui endommagent le nerf optique, entraînant une perte de la vision. 

OLY se consacre à la lutte contre les Neuropathies Optiques Héréditaires (N.O.H.) et en particulier les plus fréquentes :

  • la Neuropathie Optique Héréditaire de Leber (N.O.H.L.)
  • l’Atrophie Optique Dominante (ou A.O.D.), Maladie de Kjer.

Elles se caractérisent toutes deux par l’installation sans douleur d’un brouillard épais au niveau de la vue avec la présence d’une tâche centrale (scotome). La vision floue périphérique peut être plus ou moins affectée. La maladie touche un œil puis l’autre en quelques semaines ou mois.

On peut également être porteur sain, à risque, sans jamais développer de symptômes.

Une neuropathie optique est liée à une inflammation du nerf optique. Lorsque l’inflammation du nerf optique est trop importante, la vision se dégrade.

En savoir plus sur le rôle du nerf optique : Oeil pour oeil – C’est pas sorcier – YouTube

Qu’est-ce que la Maladie de Leber (N.O.H.L.) ?

Caractéristiques de la N.O.H de Leber:

  • perte de vision brutale
  • apparaît à l’adolescence ou vers 25-30 ans chez l’homme
  • apparait tout au long de la vie chez la femme
  • touche plus les hommes que les femmes (1 femme pour 6 hommes)
  • transmise par la mère exclusivement

La maladie a été décrite par Theodor Karl Gustav von Leber (1840-1917) dans une publication de 1871. Elle est nommée L.H.O.N ( Leber Hereditary Optic Neuropathy) en langue anglaise.

Symptômes

Une chute de l’acuité visuelle

L’acuité visuelle chute vers 1/80 à 1/100 puis remonte entre 1/40 et 1/80 après quelques mois. 
Il persiste une tache aveugle dans le champ visuel, un scotome central absolu plus ou moins étendu, ainsi qu’un scotome relatif sur sa périphérie. 
La personne touchée utilisera un regard excentré pour percevoir. L’amélioration relative constatée dans les mois qui suivent l’installation de la maladie est en fait due à une excentration du regard devenue plus performante.
Il existe d’éventuelles améliorations franches de la vision, celles-ci pouvant remonter au-delà de 2/10 généralement 18 à 24 mois après l’installation de la maladie. Les raisons de tels progrès ne sont pas encore élucidées.

Des sensations de fluctuation visuelle

Bien que l’acuité visuelle puisse être stabilisée, une fluctuation de la vision est observée ponctuellement. La fatigue est fortement impliquée dans ces phénomènes. En résumé, elle affecte principalement la sensibilité rétinienne (mesurée au champ visuel) et la capacité à appréhender les lettres ou objets qui seront vus, mais non parfaitement reconnus.
La sensibilité aux contrastes est également altérée. Les objets sont mieux perçus lorsqu’ils sont présentés à contraste maximal, c’est à dire noirs sur fond blanc.

Une mauvaise perception des couleurs

La perception des couleurs est altérée (dyschromatopsie) provoquant des confusions entre le vert et le rouge. Un certain niveau d’acuité visuelle est indispensable pour percevoir normalement les différentes teintes. Il apparaît rapidement une «dyschromatopsie complète» dès lors que l’acuité visuelle s’effondre.

Diagnostic de la N.O.H.L.

Le diagnostic des neuropathies optiques héréditaires de Leber combine différents éléments cliniques, génétiques et d’imagerie, à savoir :

  • un examen ophtalmologique complet : image du fond d’œil, évaluation du champ visuel, tomographie par cohérence optique (O.C.T)
  • une recherche d’antécédent familiaux et médicaux
  • des tests génétiques : analyse de l’A.D.N mitochondrial et l’ensemble des gènes associés aux différentes forme des neuropathies optiques héréditaires

Les Protocoles Nationaux de Diagnostic et de Soins disponibles ici pour les professionnels de la santé

Les causes de la N.O.H.L.

La N.O.H.L. est une maladie complexe due à des mutations génétiques qui affectent l’A.D.N mitochondrial maternel. 
Certaines substances ou situations pourraient accélérer ou aggraver les symptômes: le tabac, l’alcool, les infections, les médicaments, les polluants environnementaux, le stress ou encore les carences en certaines vitamines ou minéraux.
Il est recommandé aux personnes atteintes d’adopter un mode de vie sain, en limitant les facteurs de risques (tabac et alcool excessif) et en consultant régulièrement leur médecin.

Un artcle intéressant (en anglais) sur les facteurs environnementaux et la N.O.H.L. publié en partie par des membres de notre CMS

Qu’est-ce que l’Atrophie Optique Dominante ou la maladie de Kjer (A.O.D.) ?

Caractéristiques de la maladie de Kjer :

  • perte de vision plus progressive que dans la Maladie de Leber
  • se développe dès l’enfance avec des degrés très variables de perte de vision
  • transmise par le père ou la mère

En 1959, l’ophtalmologue danois Paul KJER montre le caractère héréditaire dominant d’une atrophie optique infantile.

Cette atrophie du nerf optique survient insidieusement et progressivement dans l’enfance. La baisse d’acuité visuelle est très variable, en général moins sévère que celle observée dans la maladie de Leber, bien que des formes cécitantes soient régulièrement observées.

Généralement décelée au cours de la petite enfance

C’est souvent au cours d’un dépistage à l’école que la maladie est décelée, mais une apparition plus tardive est possible. La déficience visuelle est généralement modérée (l’acuité visuelle varie de 20/80 à 20/120) mais peut varier de légère à sévère.

La vision des couleurs peut être altérée

Le sujet pourra connaître des difficultés avec les couleurs bleue et jaune.

Des signes extra-oculaires peuvent être présents

Dans environ 15 % des cas (forme dite ADOA plus), on observe des troubles tels qu’une perte auditive ou d’autres signes neurologiques sévères chez de jeunes adultes, tels qu’une myopathie, des troubles de la coordination, une neuropathie périphérique (engourdissement, fourmillements dans les pieds et/ou les mains) ou une paralysie du mouvement de l’oeil.

Diagnostic

Comme pour la N.O.H.L, le diagnostic intervient à l’issue de plusieurs examens et recherches:

  • un examen ophtalmologique complet 
  • une recherche d’antécédent familiaux et médicaux
  • Des tests génétiques

L’identification prénatale d’une mutation peut être proposée dans les familles lorsque les mutations sont connues, étant entendu que tous les porteurs ne manifesteront pas la maladie.

L’A.O.D. est le plus souvent suspectée chez les enfants présentant une neuropathie optique inexpliquée, surtout si elle est associée à des antécédents familiaux similaires (qui peuvent néanmoins être absents dans 50 % des cas). Le diagnostic, souvent suspecté cliniquement, est confirmé par l’analyse du gène OPA1.

Comment se transmettent les maladies d’origine héréditaire (N.O.H.) ? Gènes et mitochondries

Les gènes : l’unité de base de l’hérédité

es gènes sont les unités fondamentales de l’hérédité. Ils sont portés par l’ADN, une longue molécule présente dans chaque cellule. L’ensemble des gènes d’un individu constitue son génome.

Les gènes donnent à chaque cellule son rôle dans l’organisme. À partir des informations contenues dans les gènes, nos cellules fabriquent les protéines indispensables à la vie. Les protéines construisent et font fonctionner tous les tissus et organes du corps : muscles, os, cheveux, ongles, peau, mais aussi les hormones, les enzymes et les anticorps. Les gènes déterminent également nos caractéristiques physiques : couleur des cheveux, des yeux, etc.

Schéma permettant de distinguer ADN, chromosomes et cellule humaine
Schéma représentant l’ADN, les chromosomes te les cellules humaines

Les mitochondries : les centrales énergétiques de la cellule

Chaque cellule est composée d’un noyau et de plusieurs autres éléments appelés organites, dont les mitochondries.

Les mitochondries sont de véritables centrales énergétiques : elles transforment les nutriments (issus des aliments que nous mangeons) en énergie. Elles jouent également un rôle essentiel dans le métabolisme, la détoxification, la survie de la cellule face à une agression, et dans l’immunité. Leur fonction est vitale !

Schéma de la transmission génétique lors de la fécondation : seules les mitochondries maternelles sont transmises à la cellules oeuf
Schéma de la transmission génétique lors de la fécondation

Transmission des NOH : ADN nucléaire et ADN mitochondrial

Le noyau de nos cellules contient 23 paires de chromosomes, constituant l’ADN nucléaire. Ces chromosomes, et donc les gènes qu’ils portent, sont transmis à la descendance par le père et par la mère.

Nous possédons également une petite molécule d’ADN au sein de chaque mitochondrie de nos cellules : c’est l’ADN mitochondrial. Cet ADN, et donc les gènes qu’il porte, est transmis à la descendance par la mère seulement.

La fécondation : un mélange d’ADN nucléaire et la transmission de l’ADN mitochondrial

Lors de la fécondation, un spermatozoïde du père pénètre dans l’ovocyte de la mère. La moitié de l’ADN nucléaire du père et la moitié de l’ADN nucléaire de la mère se mélangent alors pour former le génome nucléaire de l’enfant à naître. L’enfant hérite donc d’une version maternelle et d’une version paternelle des gènes nucléaires

L’ADN mitochondrial du spermatozoïde est quant à lui exclu ou éliminé, à la différence de l’ADN mitochondrial de la mère, présent dans l’ovocyte, qui est préservé. L’enfant hérite donc seulement de la version maternelle des gènes mitochondriaux.

Schéma de la transmission génétique lors de la fécondation : seules les mitochondries maternelles sont transmises à la cellules oeuf
Schéma de la transmission génétique lors de la fécondation

Mutations génétiques et maladies héréditaires

Il arrive qu’un gène subisse une mutation qui perturbe son fonctionnement au point de provoquer une maladie. Cette mutation génétique risque alors d’être transmise aux enfants.

Exemples de maladies héréditaires : neuropathie optique de Leber et maladie de Kjer

La Neuropathie Optique Héréditaire de Leber (N.O.H.L.) est un exemple de maladie causée par une mutation de l’ADN mitochondrial. Elle est donc transmise uniquement par la mère. Si une mère est porteuse de la mutation, elle a 100% de risques de la transmettre à ses enfants. Cependant, l’enfant ne sera pas forcément malade : il peut être porteur sain toute sa vie.

La maladie de Kjer est un exemple de maladie causée par une mutation de l’ADN nucléaire. Elle peut être transmise par le père ou par la mère. Cette maladie est dite « dominante », ce qui signifie que si l’un des parents est porteur de la mutation, l’enfant a 50% de risques d’en hériter.